On charge les motos sur les remorques pour faire la route jusqu'à Erfoud en passant dans la magnifique palmeraie de tinherir, avec les pluies l'oasis est très verte, les arbres et les lauriers roses sont en fleur, pu.... que c'est beau.


Une fois le plein effectué, on part faire mumuse dans le grand erg. On commence par partir vers l'est pour se familiariser avec le sable sur du plat avant de se lancer dans les dunes. Ma gasgas, comme quasi toutes les motos d'enduro récente, a une partie cycle assez vive conçue pour être maniable en spéciale, et vu qu'en enduro on roule rarement vite (au dessus de 100), la stabilité à haute vitesse a été sacrifiée. Là, avec la démultiplication longue, je prends 130, et quand tu rentres dans une longue ornière sableuse à cette vitesse, le guidon vit sa vie et c'est assez impressionnant. Eric nous donne un conseil : ne pas se crisper sur le guidon et le laisser bouger de son côté, et jouer avec le poids du corps sur les cales pieds pour diriger la machine. C'est crevant, mais ça marche plutôt bien. Un autre truc que j'apprends par moi même, c'est que dans une grosse épaisseur de sable très fin, il faut doser les gaz. Même en roulant assez vite, si tu accélères trop fort, la roue arrière se met à creuser et le coup de gaz a l'effet inverse de ce que l'on s'attend : le moteur force mais la moto ralenti.


En fait il y a deux modes distincts, quand tu démarres tu es en mode « roue à aube », la roue arrière s'enfonce et tu avances pasque tu brasses du sable comme sur un pédalo, au démarrage, le passage par ce mode est inévitable, mais une fois que tu as un peu de vitesse, par exemple au passage de la 3 vers la 4, il faut rendre la main sur les gaz pour que la roue arrête de creuser et remonte en surface, et accélérer doucement pour prendre la vitesse sans creuser. De cette manière, on roule en 5 dans les ornières à 80/90 sans soucis, et quand la piste est suffisamment large pour rouler dans du sable vierge sans ornières, j'arrive à accrocher la 6 et à rouler au delà de 100, et c'est méga plaisant !. Eric et sa 500 de 75cv a l'air de s'amuser encore plus, c'est vrai que ma petite 300 qui a l'air si puissante en enduro est souvent à toc dans le sable.

Après 40 bornes de sable plat, on arrive sur l'erg, la couleur du sable change, plus vers le rouge, et les dunes arrivent. La technique reste la même, garder de la vitesse, essayer de soulager les gaz pour ne pas creuser, et calculer la vitesse pour arriver en haut de la dune sans se planter avant, mais pas trop vite quand même pour juger la pente de la descente, si c'est pas trop abrupt on descend de face, sinon faut partir en travers pour pas culbuter par l'avant, le moment délicat est au niveau de bascule, il faut soulager l'avant pour pas qu'il se plante, et garder du gaz même dans la descente, sinon l'avant plante et c'est la culbute :-). Une fois les réflexes acquis, ces 30km de dune ont été les meilleurs moments de moto que j'ai eu dans ma vie, c'est un grand huit ou tu décides où tu vas, avec des sensations en montée, en descente, et où t'es tout le temps en glisse, vraiment une banane colossale !

Avec nos motos légères c'est vraiment du gâteau, après un arrêt ça repart facile, d'abord en roue à aube puis ça déjauge quand on soulage les gaz. Pas une chute, pas un ensablage, et les 30km sont passés beaucoup trop vite. Avec une moto lourde ça doit facilement devenir galère, on a vu aussi des 4x4 ensablés, qui essayaient de se treuiller entre eux, d'autres plantés au sommet de la dune et qui se rendaient compte que la descente était trop abrupte, et en 4x4 tu ne peux descendre que pleine pente pour pas partir en tonneau sur le côté, mais pleine pente tu risques le tonneau par l'avant, bref, en 4x4 ça a l'air galère et dangereux, alors qu'en moto d'enduro c'est the panard intégral.
On arrive au ksar sania à merzouga, une auberge tenue par françoise la bretonne, un personnage haut en couleur. Faut reconnaître qu'elle a eu du courage, en 2006 son auberge a été complètement détruite par les inondations, et elle a eu la force de tout reconstruire, seule, pour relancer l'activité, un gros travail qui a payé car le résultat est bien sympa et l'on s'y sent tout de suite bien.


On a des petites cases en pisé, c'est sympa. On fait un peu d'entretien, les filtres à air ont bien bossé, mais il est temps de les nettoyer !!
Sur les 3 motos, une commence à donner des signes de faiblesse au niveau de l'embrayage qui patine en permanence. On démonte, on déglace un peu les disques, on remonte avec des rondelles en plus pour que les ressorts appuient plus. Olivier va en plus adapter sa conduite pour essayer de rouler sur le couple, avant l'ouverture des valves, un peu frustrant pour lui, mais ça lui permettra de finir le raid.
Un tajine au jarret de bœuf, un peu de musique berbère, pendant le repas les copains qui ont des grosses responsabilités chez astrium (ex matra) reçoivent des sms des gars de leur équipe qui restent bloqués dans les aéroports du monde entier à cause du volcan, on est mega pas solidaire et ça nous fait super marrer des les imaginer galérer alors qu'on est les roi du monde à mater le coucher de soleil sur les dunes.


Ah oui, il y a deux heures de décalage horaire avec la france, au maroc il vivent à l'heure du soleil, le dit soleil se lève à 05h15 et se couche à 19h30, et vu qu'on aime bien arriver avec un peu d'avance pour avoir le temps de la douche, puis de la mécanique le soir, ben on se lève tôt pour rouler, alors on traîne pas et tout le monde est au lit à 22h00.
