Une grosse étape nous attend, le but est d'aller à mhamid (les dunes au sud de zagora) en prenant la piste qui longe la frontière algérienne, mais comme ça fait plus de 400 bornes, on coupe le trajet en deux et il est prévu qu 'on se retrouve avec les 4x4 à oumjrane. La piste est réputée difficile aux 4x4, à cause des zone de fesh fesh, un sable fin comme de la farine dans lequel il est plus facile de se planter que de s'en sortir :-)
200 km, je sais que je serais limite en essence avec mes 18.5L, je prends donc une bouteille de 1L5 de sp en plus dans le sac à dos, et aussi une bouteille de flotte en plus du camel back au cas où ça merde … On décide aussi de rejoindre les 4x4 au bout de la route (pour eux) à taouz pour refaire le plein avant d'attaquer la piste.
On part à l'est de merzouga, après quelques kilomètres de reg (étendue plate recouverte de petits cailloux noirs), on arrive dans l'oued ziz, la boue qui a séché a pris des formes bizarres, on merdouille un peu pour trouver un endroit où traverser l'oued sans noyer les motos, et on arrive dans une zone qui a été cultivée il y a longtemps. Il reste des rigoles entre deux monticules de terre pour guider l'eau, c'est rigolo, à la bonne vitesse tu prends le premier comme tremplin d'appel, et t'atterris de l'autre côté sur l'autre. Après avoir joué au cabri on retrouve le reg dans lequel on peut mettre du gros watt et rattraper le temps qu'on a perdu pour traverser l'oued. Fond de 6, faut pas serrer, faut pas non plus se faire surprendre par un cailloux plus gros qu'un autre, j'ai déjà des jantes carrées et on est pas encore à la moitié du périple.
Taouz, on retrouve les 4x4 à la fin du goudron, finalisation des pleins et on repart. Les 4x4 remontent par la route sur rissani, un paquet de route pour eux jusqu'à alnif ou ils trouveront une bonne piste pour nous rejoindre à oumjrane.
Je me suis aperçu que le kit de réservoir additionnel acerbis est bien conçu, il est livré avec un kit de siphonnage qui permet de d'abord consommer l'essence de l'additionnel, ça siphonne au fur et à mesure que ça consomme, jusque ce que l'additionnel soit vide. Pour que ça s'amorce bien il faut remplir le principal au max, faut plus qu'il n'y ait d'air dedans, ensuite le kit de siphonnage se branche sur la mise à l'air du bouchon du réservoir principal, astucieux et efficace.
On commence la piste qui s'avère facile, roulante. À des endroits le reg est tout plat et très large, il n'y a plus de piste à proprement parler, on peut rouler où on veut sur des kilomètres de largeur, ça permet de rouler assez écarté, de front, on ne se gène pas avec la poussière. La 500kx d'Éric est conçue pour la course africaine, chassis long, très stable, et conçue pour être pilotée assis, c'est cool pour lui, avec la couronne « courte » il est limité à 160km/h, mais c'est suffisant pour qu'il nous oublie facilement :-). La gasgas ne se pilote que debout, assis elle gigote et devient incontrôlable. Ça oblige à rouler debout tout le temps, sauf sur du goudron ou du billard. La position debout a l'avantage de permettre de bien voir, de voir loin, de détecter la saignée, le trou ou la grosse pierre à temps, et aux vitesses où l'on roule ça vient très vite. Dans le doute, mieux vaut freiner pour rien que de se prendre un gros vol. Le paysage est très beau, genre western, un canyon large de plusieurs km avec un fond tout plat.
Au bout de 60km on arrive sur une zone habitée, il y a un café qui vend du coca, et …... de l'essence en bidon. Je demande le prix, je m'attends à un prix stratosphérique vu que l'essence arrive à dos d'âne ou de mobylette, et que quand t'es coincé t'es prêt à payer le prix. Même pas, c'est juste 20% plus cher qu'à la pompe, je prends donc 5L pour refaire le plein de l'additionnel, et ainsi j'ai plus aucun soucis d'essence. Le coca décolle la poussière sur le palais, c'est bien agréable.
On repart après cette pause providentielle, et on tombe rapidement dans le fesh fesh, en plus dans une zone ou la piste serpente. La poussière levée par Éric est hallucinante, je me retrouve dans un nuage si dense que je ne vois même plus le guidon !!!. Arrêt immédiat, je cache ma tête dans mes bras pour ménager une zone respirable et j'attends que ça retombe. Au bout de 5 minutes c'est clair et je repars. Dans le fesh fesh, c'est un peu comme le sable, sauf que t'es uniquement en mode roue à aubes, le truc est trop fin pour porter, impossible de déjauger l'arrière. Faut donc du gros watt, et j'hesite pas à être à bloc tout le temps, vu la puissance que ça bouffe impossible de monter plus que la 4. L'avant arrive à rester en surface, mais son pouvoir de direction est null, pour tourner faut prendre appui sur les côté des ornière, et pour avancer faut rester à bloc. Pour l'atlas j'avais été gêné par la carburation trop riche, mais la je suis content que ça soit un poil riche, je vais pouvoir rester vissé sans trop d'arrières pensés, et au final je sors de la première grosse zone de feshfesh sans que le bloc ne montre la moindre faiblesse ni amorce de serrage. Ensuite il y aura encore des petites zones de mou de moins d'1 km de temps en temps, puis on retrouve le reg. À un moment on se retrouve sur la surface parfaitement plane d'un lac salé. Très déroutant, tu n'as aucun repère visuel, je fais les 10km en recherche de vitesse, le nez dans la plaque phare, à fond de chez à fond, 130km/h et en surrégime tout du long. Gasgas c'est solide et arrivent les premiers cailloux du reg, je me remets debout et rend un peu les gaz. À rouler vite tout le temps on arrive à oumjrane à 12h00 avec une demi-journée d'avance sur les 4x4. On trouve un coin à l'ombre pour manger et faire la sieste en attendant les voitures qui n'arriveront qu'à 16h00. On décide de continuer la piste tous ensemble direction tagounite, et on plantera le bivouac dans un oued au milieu de nulle part, avec des petites dunettes bien sympathiques dans lesquelles on va faire les cons avec les motos et les 4x4.
On sort les réchauds, les tables, l'apéro, la bouffe, c'est grand deux 4x4 :-)
Un petit salé aux lentilles plus tard, on contemple le coucher du soleil, puis la nuit étoilée. Ici pas de pollution lumineuse, la Voie lactée est dense comme jamais.
Plus qu'à ronquer dans la queshouia, et à maudire le matelas auto gonflant qui s'avère aussi auto dégonflant …